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LA GESTION DES FLUX MIGATOIRES EN EUROPE

 

 

Jean-Paul GOUREVITCH

Consultant

 

J’ai été présenté comme consultant international sur l’Afrique et les migrations ce qui est exact puisque depuis 1987 je partage une partie de ma vie entre les pays d’origine des migrations et notamment l’Afrique francophone et les diasporas africaines en France. Je repars d’ailleurs au Sénégal le 30 juin à la demande du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes  et du Ministère de l’Education Nationale du Sénégal  pour évaluer avec une équipe l’effectivité, l’efficacité et l’efficience des efforts déployés et des sommes investies pour la valorisation de la langue française dans l’enseignement primaire et secondaire,  dans les matières littéraires, scientifiques et les techniques de l’information.

Je ne vais pas vous  accabler de considérations et de chiffres qui figurent dans mes ouvrages récents[3], dans les trois monographies faites pour Contribuables Associéset dans le Hors Série n°3 du Cri du Contribuablequi vient de sortir. En matière de politique migratoire de l’Europe, je m’en tiendrai à développer trois constatations et à entrouvrir trois fenêtres

 

L’européanisation des politiques migratoires : un leurre

 

1 Quand une politique volontariste est mise en place en Europe  comme ce fut le cas sous la présidence Sarkozy au 2e semestre 2008 et comme ce sera sans doute le cas pour la présidence du G20 en 2011, on aboutit assez vite à la définition commune de principes et à la mise en place de cérémonies symboliques. Le Pacte sur l’immigration et l’asile adopté à la hussarde et à l’unanimité par le conseil Européen du 16/10/2008 s’articulait sur cinq engagements partagés  : mieux organiser l’immigration légale, mieux lutter contre l’immigration clandestine, renforcer l’efficacité des contrôles aux frontières extérieures, bâtir une Europe de l’asile et se concerter avec les pays d’origine.

Mais, en dehors de mesures ponctuelles généralisées, comme la directive retour pour plafonner la durée de détention administrative et instaurer un droit à l’aide juridictionnelle , chaque Etat est libre de prendre ses propres mesures surtout si elle sont favorables aux migrants. C’est ainsi que le rapprochement familial fonctionne différemment selon les pays d’accueil : réservé tantôt à la famille et aux descendants directs, mais élargi parfois aux ascendants, à la famille au sens large voire aux membres du clan quand  le départ du chef de famille constitue un danger pour leur subsistance.

L’européanisation des politiques migratoires se vit donc essentiellement sur le papier.  Ce n’est pas nouveau. J’ai pu constater à titre personnel que le rapport sur les migrations subsahariennes que j’ai présenté au Conseil de l’Europe et qui a été adopté à l’unanimité moins deux absentions, ce qui est relativement rare dans ce domaine si sensible,  a rejoint dans les tiroirs quelques autres rapports de même facture. Sur la dizaine de mesures techniques proposées, une est en cours de réalisation, une autre en débat, et le reste finira dans les archives de la Toile ou la corbeille à papiers.

 



Le shopping migratoire : une réalité

 

2 Le résultat, c’est que les migrants qui le savent pratiquent ce que les anglo-saxons appellent asylum shopping et que nous traduisons imparfaitement par shopping migratoire,  ce qui veut simplement dire qu’ils vont dans les pays où ils trouvent le plus d’avantages et le moins d’inconvénients. L’immigration médicale se dirige prioritairement vers la France réputée pour l’excellence de son système de santé et  qui est le seul pays à offrir simultanément et officiellement la Couverture Maladie Universelle aux migrants légaux et l’Aide Médicale d’Etat aux migrants irréguliers.

L’immigration étudiante en grande partie aussi choisit la France   puisque les 266.489 étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur en 2008-2009 représentent 11,9% des effectifs universitaires, avec des résultats très faibles notamment pour les Africains les deux premières années, mais  significatifs pour ceux qui font l’ensemble du parcours puisqu’un doctorant sur 3 est étranger.

Je ne parlerai pas ici  de l’immigration sociale dont on a largement vanté les bienfaits ni de l’immigration dite « de charme » qui est pourtant un sujet riche en aperçus. Mais, sur la demande d’asile, la France reste championne d’Europe,  non pas parce que nous sommes les plus généreux mais parce qu’aux 16,2% qui se voient immédiatement octroyer le statut de réfugié s’ajoutent les 25,3% qui voient leur demande de recours obtenir satisfaction. Enfin  les déboutés savent qu’en raison de la longueur des procédures et de l’action du mouvement associatif, ils ont plus de chances d’être à terme régularisés qu’expulsés et que dans ce dernier cas , ils pourront même souvent bénéficier d’un retour aidé.

En revanche, dans la perspective du shopping migratoire, pour créer son entreprise, trouver du travail, un logement décent, être bien accueilli par les autochtones et ne pas être victime de discriminations, la France n’est pas le pays de cocagne même dans le cas où  l’immigrant à son arrivée bénéficie de l’aide active de sa diaspora.

 

Une politique migratoire c’est une politique d’immigration et une politique d’émigration.

 

3 Bâtir une politique migratoire ce n’est pas seulement gérer les flux d’immigration mais aussi les flux d’émigration aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Europe.  Cette dernière question est mal connue et souvent réduite à la migration fiscale alors qu’elle concerne aussi, comme je l’ai montré dans la monographie qui y est consacrée,  l’émigration de main d’œuvre, entrepreneuriale, immobilière, retraitée, post-doctorante, les métiers de la recherche etc.

A titre d’exemple, en France, le solde migratoire annuel de l’immigration est positif d’environ 125.000 résidents, le solde migratoire de l’émigration négatif de 65000 expatriés. Financièrement ces deux soldes ne se compensent pas. Ils s’ajoutent l’un à l’autre créant  un double manque à gagner. J’ai pu calculer que si la balance dépenses-recettes de l’immigration est déficitaire de 30, 4 milliards d’euros par an, celle de l’émigration l’est aussi de 7,9 milliards d’euros soit un total de 38,3 milliards d’euros et 2 points de PIB. 

Quant aux investissements annuels  consentis par l’Etat pour freiner les migrations (environ 5 milliards d’euros) ils correspondent à peu près aux transferts de fonds  des migrants  vers les pays d’origine. De même  ceux pour l’intégration (environ 5 milliards d’euros), que Gérard Lafay connaît bien, en direction des enfants de l’immigration qui constituent les forces vives de l’avenir, sont sensiblement égaux à la plus-value apportée à la communauté nationale par le travail de ces immigrés. Donc les investissements n’augmentent pas ni ne diminuent pas le déficit annuel des comptes de la politique migratoire.

 

Je limiterai là le constat et souhaite ouvrir quelques fenêtres qui pourront paraître très hérétiques compte tenu des interventions précédentes.

 

Moins d’Europe ou plus d’Europe

 

Premièrement je m’interroge sur le fait de savoir s’il faut moins d’Europe ou au contraire plus d’Europe et plus exactement plus de suivi permanent des décisions prises à l’échelon européen. Je rappelle pour mémoire que le Sommet de Paris de N. Sarkozy qui avait accompli la performance de déplacer 43 chefs d’Etat et de gouvernement à Paris le 13 juillet 2008 pour lancer l’Union pour la Méditerranée est actuellement immergé dans les lourdeurs administratives. Les présidences tchèques et suédoises qui succédaient à la France  s’en sont désintéressées.  L’Espagne qui avait programmé sa relance le 7 juin l’a repoussé à l’automne, ayant d’autres problèmes à gérer et attendant que les relations israélo-pakestiniennes qui bloquent le processus avancent ce qui en raison des derniers évènements n’est pas véritablement le cas. 

Mais, surtout, alors même qu’il y a un peu de grain à moudre dans les fonds versés, (près de 4 milliards d’euros pour la station d’épuration du Caire, les recherches sur le solaire et l’agronomie, les échanges universitaires), la population civile ne s’y implique pas .  Certains sujets comme la pollution de la Méditerranée, l’amélioration de la condition féminine, la sécurité,  l’accès à l’eau et à l’énergie concernent pourtant la vie quotidienne de tous les pays riverains. La question est de savoir s’il faut renforcer la gouvernance européenne ou associer les citoyens des pays du littoral Nord, du littoral Sud et du littoral Est aux décisions à prendre.

 

L’ouverture de l’Europe

 

Il ne m’appartient pas de déterminer  si l’Europe doit se refermer sur elle-même pour se refonder,  s’ouvrir vers l’Est au delà des PECO,  c’est à dire vers l’Ukraine, la Turquie, les anciennes républiques soviétiques continentales, caucasiennes ou asiatiques, ou vers l’Ouest, c’est à dire l’Amérique Latine et les Caraïbes  et établir un autre partenariat avec les Etats-Unis. Mais ce que je sais et que je mesure en revanche, compte tenu de ma situation professionnelle, c’est que l’Europe est deux fois moins peuplée et dix fois plus riche que le continent africain, et qu’une telle coexistence entre deux continents si proches n’a que peu de chances de demeurer pacifique.  

 

L’imaginaire et l’information

 

Les flux migratoires dépendent dans leur volume et leur orientation de deux vecteurs majeurs . L’un sur lequel nous avons peu de pouvoir,  c’est l’imaginaire migratoire tel qu’il est irrigué par les images de la prospérité visibles sur tous les écrans de la planète, répercuté sur la toile ou colporté par le bouche à oreille par des migrants qui sont en général plus prolixes sur leurs réussites que sur leurs difficultés.

L’autre sur lequel nous pouvons agir au moins à la marge, c’est une information loyale et précise  sur les flux, les coûts, les orientations, les évolutions, les conséquences des migrations  sur l’économie réelle mais aussi sur le développement de l’économie informelle dans ses aspects festifs comme dans ses conséquences dramatiques. Ce qui veut dire que, quel que soit l’avenir de l’Europe,  on  mette en place des procédures statistiques sans interdits ni langue de bois, des registres de  comptabilisation des entrées mais aussi des sorties à l’intérieur de l’espace Schengen et encore plus des observatoires de terrain. Ce qui signifie aussi comparer  ce qui se passe dans le domaine de la gestion des flux migratoires  dans les différents pays européens pour faire avancer une lecture critique des expérimentations menées avec succès ou des échecs manifestes.

Ce travail d’information est ardu et rarement jubilatoire. Il court le risque d’être en permanence ostracisé, stigmatisé, instrumentalisé, diabolisé ou angélisé.  Mais il relève aussi du souci de considérer les citoyens, non comme des élèves auxquels on raconterait des contes de fées pour promouvoir le « vivre ensemble », mais  comme des adultes à qui on peut apporter des informations contrôlées et de la part desquels on peut aussi recevoir des témoignages authentifiés.

 

Pour ne pas conclure

 

Je considère que la question des migrations est un des défis majeurs du XXIe siècle auquel l’Europe toute entière est confrontée et qui peut aussi bien en subvertir les principes et les institutions, provoquer l’affrontement des « in »  et des « out »  ou aider à réinventer une nouvelle copropriété. C’est pourquoi j’ai choisi d’explorer, de décortiquer et de vulgariser l’information sur les flux migratoires,  de lutter contre la désinformation sous toutes ses formes. C’est la voie étroite dans laquelle je m’obstine à progresser depuis dix ans, sans faiblesses mais sans illusions. 

 

 *

 



QUELLE POLITIQUE SOCIALE POUR L’EUROPE ? 

 

Philippe ARONDEL

 

S’il est un concept qui, par-delà sa polysémie embrouillée, fait néanmoins consensus, c’est bien celui de modèle social européen. Il n’est guère de jour, en effet, où celui-ci, certes de façon passionnelle et passablement contradictoire, ne se trouve invoqué, avec force superlatifs et trémolos dans la voix, tout à la fois par les chantres de « l’européisme » le plus compassé et les partisans les plus passionnés de la mouvance anti-libérale.

 

La fin des grands récits fondateurs

 

Paradoxe des paradoxes, c’est au moment même où ce modèle issu des luttes sociales du XIXe siècle vacille sur ses bases…que la classe dirigeante, toutes sensibilités idéologiques confondues, en encense les vertus éthiques et intégratrices. Car il convient de ne pas se laisser abuser par les métaphores ronflantes et les rhétoriques spécieuses : le modèle social européen, aboutissement des grands récits fondateurs qui ont ponctué, durant les dernières décennies, notre imaginaire social, se délite peu à peu sous les coups de boutoir répétés de ceux-là mêmes qui prétendent en être les interprètes avisés et les défenseurs patentés.

Après avoir, avec une foi de néophyte emportant tout sur son passage, apostasié leur conception du monde de naguère, les « enfants perdus » du réformisme raisonné et raisonnable des Trente Glorieuses sont désormais au centre d’une sorte de  complot à ciel ouvert visant, ni plus ni moins, à  déconstruire les fondements « solidaristes » de l’Etat-providence. Que cette  déconstruction quasi programmée emprunte parfois, dans un confusionnisme étrange, la voie de la construction européenne n’étonnera  que ceux qui n’arrivent pas à se déprendre du charme des sirènes bruxelloises.

 

« Troisième voie » : une antienne devenue sans consistance ?

 

Certes, à l’aurore des années cinquante, rien n’autorisait sans doute à penser que l’aventure européenne dût nécessairement se confondre avec un ralliement aux thèses les plus éculées du libéralisme à l’anglo-saxonne. Portée sur les fonts baptismaux par une génération –plus qu’honnête à bien des égards- d’idéalistes et de technocrates férus, du côté français plus particulièrement, de planification dite souple et indicative, la Communauté Européenne a pu apparaître, du moins à ses débuts, comme un moindre mal, l’exemple même du bon compromis éthico-social face à la pression « impérialiste » du duopole russo-américain…et des matérialismes agressifs dont il était porteur. N’aimait-on point affirmer à l’époque que l’Europe constituait le cadre géopolitique pertinent pour enraciner, faire vivre au quotidien, une véritable troisième voie face au capitalisme sauvage et au socialisme de lutte de classes ? Reprise à satiété à longueur de colonnes par tout ce qui compte dans le cercle de raison –pour reprendre l’atroce et si significative expression d’Alain Minc- des « europhiles » béats, cette antienne doit être aujourd’hui dénoncée pour ce qu’elle est : un leurre sémantique à usage des naïfs qui continuent à croire que la vérité sort de la bouche des experts en cour.

 



Un social cloué au pilori

 

Car l’Europe, quoi que puissent en dire les zélateurs peu inspirés de son idéologie officielle, ne s’est jamais voulue la gardienne, encore moins le vecteur inspiré d’une version continentale du modèle social avancé et républicain qui a émergé dans les différents Etats nationaux  au cours des tumultes politiques du XIXe siècle. Hormis peut-être la courte et emblématique séquence de la CECA[4] -une brève séquence pendant laquelle le social, comme l’on dit aujourd’hui, parvint à faire entendre sa voix et prévaloir ses droits- la marche forcée vers l’intégration européenne a rimé trop souvent avec déconstruction subtile, dans sa forme comme dans ses objectifs, des régulations sociales arrachées de haute lutte par les salariés et gravées dans le marbre des différentes législations nationales.

 

Le marché contre la citoyenneté

 

Sans toujours l’avouer ouvertement, les « idéologues » de l’Union européenne ont cherché, via l’instauration de mécanismes institutionnels complexes, pour ne pas dire incompréhensibles pour le commun des mortels, à refermer la parenthèse historique qui avait vu le salariat du Vieux continent accéder à des formes balbutiantes de citoyenneté. C’est peu dire, en ce sens, que la construction européenne a été le cheval de Troie du plus contestable des libéralismes : en fait, de façon quelque peu provocante, elle s’est pensée, dès ses prémices, comme le vecteur d’une sorte de  « contre-révolution » inédite aspirant à réécrire de fond en comble le pacte social progressiste né des bouleversements idéologiques de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Rompant avec fracas avec le fil d’une histoire sociale s’étant cristallisée dans un rapport de force politique ouvert à toutes les problématiques de l’émancipation humaine, les hauts fonctionnaires en charge du destin communautaire vont, année après année, par un putsch théorique et pratique se refusant à toute vérification expérimentale, pousser à la construction d’un espace atypique, où le marché et le droit, ces frères jumeaux étrangement complices, seraient les clés de voûte d’un ordonnancement politique dédié à la pure et  simple soumission aux diktats de la haute finance globalisée.

 

Un droit au service de l’échange marchand

 

Jugées à l ‘aune de ce projet philosophique d’essence libérale –un projet qui, de Traité de Romeen Acte unique, de Traité de Maastrichten stratégie de Lisbonne, a sans cesse repoussé les limites de son impérialisme prédateur- les dernières et peu glorieuses péripéties concernant ce que l’on a du mal à appeler droit social européenrevêtent, à l’évidence, une valeur d’exemplarité sans égale. Il faut être, en effet, singulièrement naïf, voire complètement aveugle, pour ne pas voir, par exemple, que les récents  projets de directives en matière de services[5]et de temps de travailsont l’expression emblématique d’une démarche ambitionnant de faire piloter par la loi d’airain de la concurrence marchande la totalité des champs de l’activité humaine.

On reconnaîtra certes aisément que la querelle née autour de la fameuse directive Bolkestein n’aura pas toujours été marquée par une grande rectitude intellectuelle et éthique, par un désir de faire objectivement la part des choses. Nombre d’opposants, notamment altermondialistes, à ce texte n’ont en effet point hésité, sacrifiant au mauvais démon de la pure contestation pour la contestation, à présenter ce projet- au demeurant parfaitement illisible !- comme une parfaite monstruosité juridique…alors même qu’il prenait bien soin de pérenniser certains droits sociaux, par exemple ceux concernant les travailleurs « détachés ».

 Contrairement à certaine légende soigneusement entretenue, le projet de directive ne prétendait en aucune manière imposer le fameux principe du pays d’origine dans tous les domaines. Bien au contraire, il prévoyait expressément le maintien de l’application de la directive de 1996 sur le « détachement des travailleurs », qui garantit à tout salarié les mêmes droits essentiels que les salariés du pays où se situe le chantier. Autrement dit, il n’était nullement question que, au nom de la mise en œuvre d’une stratégie « musclée » de libéralisation des services, l’on fasse une croix sur les conquêtes de la directive de 1996 permettant aux salariés envoyés par une entreprise européenne de bénéficier du droit français, notamment en matière de salaire minimum, de temps de travail ou de conditions de sécurité. Bref, à rebours du fantasme agité par les Cassandre de certaine mouvance extrémiste, le passage en force de la première mouture de ce projet, plus que symbolique à bien des égards, ne se serait point soldé par la possibilité offerte aux employeurs  de rémunérer un travailleur polonais au SMIC polonais…en France.

 

Une « délocalisation sur place »   désintégratrice

 

D’où vient-il alors que ce projet, par-delà tant de méprises intéressées et de positionnements partisans, ait suscité autant de peurs, réveillé, à juste titre souvent, autant d’agacement, pour ne pas dire plus, à l’égard du traitement politico-juridique infligé à cette nouvelle figure de la précarité « mondialisée », de l’intermittence « transnationalisée » : le travailleur détaché ? De ce constat simple et sans appel faisant froid dans le dos : législation ou pas, pays d’origine ou pas, le travailleur détaché[6], ce paria de notre post-modernité triomphante, ne parvient guère, voire pas du tout, à être traité comme un salarié normal.

Devenu malgré lui le laboratoire vivant d’une déréglementation de plus en plus « sauvage », il représente désormais, dans ses visages les plus contrastés, l’expression même d’un néo-salariat soumis à toutes les contraintes d’un ordre marchand triomphant, s’étant pratiquement affranchi de toutes les règles juridiques. Un très récent rapport d’information du Sénat[7]a jeté un beau pavé dans la mare du consensus dominant en apportant la preuve concrète que la législation communautaire en matière de détachement était, jour après jour, dans le silence le plus total, cyniquement bafouée. C’est ainsi que l’on apprend avec effarement que près de 80% des détachements ne font l’objet d’aucune déclaration officielle…et que la « plupart du temps le salaire affiché n’est pas celui qui est effectivement versé au salarié »[8].Le texte du Sénat fait même état de cas- des cas peu nombreux ayant défrayé la chronique médiatique- où les rémunérations ne sont pas toujours effectivement versées : fin 2005, 31 ouvriers polonais, travaillant à la construction du Tribunal de Thonon-les- Bains, n’avaient ainsi perçu que 3,30 euros de l’heure pendant deux mois !

L’on pourrait ainsi poursuivre longtemps, dans une sorte d’énumération fastidieuse à la Prévert, l’énumération des illégalités nombreuses ou du   respect trop strict d’une légalité contestable[9] qui font que le détachement est aujourd’hui en passe de devenir le symbole d’une pratique de délocalisation sur placevisant, souvent dans l’opacité, à mettre en concurrence, sur un même territoire, des salariats hétérogènes… n’en pouvant mais.

Comme on le voit donc, tournant le dos à l’idée d’une harmonisation par le haut des droits sociaux –une idée qui, il faut bien l’avouer, a toujours beaucoup plus relevé du pur credopropagandiste que du souci de donner toutes ses lettres de noblesse à l’Europe sociale- ces deux projets[10] de directive s’inscrivent clairement dans un horizon idéologique où « guerre de tous contre tous » et ébranlement des droits acquis participent d’une même volonté de faire primer, sans états d’âme particuliers, la régulation marchande sur la régulation politique.

 





La Charte de tous les dangers…

 

Poussant à l’extrême, au travers d’une rédaction mêlant savantes ambiguïtés et limpidité provocante, ce désir de réification des rapports sociaux  (et donc des architectures juridiques censées les soustraire un tant soit peu à la violence ordinaire du marché), le projet de traité constitutionnel soumis à référendum en 2005 s’apparentait, sur ce point précis, à une forme de fuite en avant irresponsable. Il suffisait de jeter un rapide coup d’œil sur la Charte des Droits Fondamentaux qui en constituait, paraît-il, l’ossature sociale, pour comprendre combien la construction européenne actuelle est au cœur d’une offensive ayant pour finalité de nous faire basculer dans un univers  parfois étranger à l’histoire démocratique façonnée par la Révolution Française.

 

 Usant d’un vocabulaire spécieux et chantourné où se lisait le désir d’affaiblir la notion de droits-créances[11], cette pseudo-charte pouvait être légitimement considérée comme une sorte de « coup d’Etat à froid »  poursuivant l’étonnant dessein de revenir à une préhistoire politique où seuls les droits individuels et formels étaient reconnus. Ainsi n’y lisait-on point  -restons calmes !- que « l’Union reconnaît et respecte le droit d’accès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux » ; que « l’Union reconnaît et respecte l’accès aux services d’intérêt général » (entendez…services publics !) ; que « toute personne a le droit de travailler » ; enfin, cerise sur le gâteau, que  «  l’Union reconnaît et respecte le droit des personnes âgées à mener une vie digne et indépendante ».En d’autres termes, cette Charte, présentée, hélas, par certaines Confédérations syndicales comme une avancée sociale décisive, symbolisait à elle seule l’ampleur de la régression que les partis politiques « installés » comptaient bien faire avaliser par une opinion publique soumise à une intense campagne de désinformation et d’intoxication.

 

De grandes manœuvres dérisoires

 

A l’évidence, le coup de tonnerre du « non » de juin 2005 aura permis d’éviter que puisse s’enclencher la mécanique dangereuse menant à l’arasement des compromis sociaux qui, dans un pays comme la France, sont au cœur de la pérennité de l’idée nationale et républicaine. Ayant senti, comme l’on dit, passer le vent du boulet, ceux qui se piquent d’incarner nos espérances feignent désormais, avec un luxe de précautions oratoires et un vocabulaire découvrant tout soudainement la prégnance des« misères du monde », d’être en phase avec les soucis prosaïques des citoyens. C’est tout juste si, instruits par leur récente et cuisante déconvenue, certains de nos hommes politiques n’en arrivent point à se faire, toute honte bue, les passeurs d’une vision de l’Europe sociale empruntant ses thématiques aux anti-libéraux de toujours.

Les gouvernements ne sont pas en reste, dont toute l’énergie, parfois brouillonne, semble être tournée vers le désir de reconquérir un peuple réel en pleine dissidence à l’égard des dogmes de la pensée unique à  la mode. C’est ainsi, par exemple, que les pouvoirs publics français, faisant déjà de leur future présidence de l’Union en 2008 un des temps forts d’une refondation « progressiste » du pacte social communautaire, ne cessent, au travers de séminaires « fermés », d’essayer de mobiliser tous les acteurs institutionnels aspirant à un changement de cap profond en matière de gouvernance sociale de l’Europe. Sans trahir le moindre secret, on peut dire que s’y échangent des idées qui, hier, eussent été dénoncées comme le plus pur produit d’un gauchisme irresponsable…ou d’un souverainisme d’un autre âge. Que dire d’un gouvernement de « droite » français qui ne se propose rien moins, par les temps qui courent, que de relancer l’idée d’un SMIC européen ou de faire émerger, au plan communautaire, un revenu garanti minimum ?

 

Rompre avec « l’économisme » dominant…

 

Il reste qu’il faut sans doute raison garder face à de curieuses stratégies de séduction…dont toute la charge soi-disant non conformiste est démentie, chaque jour, par la soumission des mêmes pseudo-élites à la Vulgate du plus incroyable des capitalismes sauvages, d’un libre-échangisme échevelé .Sauf à croire à la magie des mots, à leur capacité intrinsèque à bousculer spontanément l’ordre du réel, on ne peut imaginer construire l’Europe sociale sans rompre, d’une manière ou d’une autre, avec une conception du monde purement « économiste », étroitement matérialiste, dont l’enracinement coïncide dans l’espace européen, depuis le tournant du milieu des années 80, avec une remise en cause rampante de ce qu’il est convenu d’appeler « acquis sociaux »

 

et oser un programme d’urgence

 

Esquisser l’esquisse, pour reprendre la jubilatoire formule de Michel Jobert, d’une véritable Europe sociale accordée aux impératifs de notre post-modernité, c’est avoir le courage d’en finir avec « l’impérialisme » d’une Banque centrale européenne(BCE) dont l’idéologie stricto sensu monétariste pèse, négativement, sur tous les arbitrages politiques européens. Attachée uniquement, par le biais de statuts aberrants, à traquer le moindre frémissement inflationniste…et non à soutenir la croissance et l’emploi, l’oligarchie technocratique de Francfort est aujourd’hui l’un des grands responsables de la normalisation néo-libérale prétendant en finir avec les notions de solidarité et de justice ayant, depuis la nuit des temps, défini certain « génie » européen en matière de tissage du lien social. C’est aussi, sans avoir peur de s’en prendre avec véhémence aux « vaches sacrées » instituées, battre en brèche, au plan fiscal notamment, le suicidaire dumping qui sévit dans un espace communautaire ressemblant, à s’y méprendre, à un terrain vague balayé par les mauvais vents de la décomposition éthique et sociétale. C’est enfin se donner les moyens, via un aggiornamento politique de grande ampleur, de faire surgir un socle minimum de garanties sociales empêchant que l’élargissement communautaire actuel ne signifiât un détricotage des droits sociaux des pays les plus avancés au plan de l’équité et du bien commun.

 Mais qui, parmi notre classe politique, en une époque où la pression des grands intérêts transnationaux est visible à l’œil nu, aura la témérité de proposer cet élémentaire programme d’urgence pour temps de crise…et plus encore de tenter de l’inscrire dans les faits ?Mais qui, par un geste inaugural tournant le dos aux mythologies dérisoires de la « fin de l’histoire » libérale , saura reprendre le chemin de la libération sociale, donner toute sa chance à une modernisation économique refaisant de la personne humaine le cœur et l’âme de son processus de développement ?

 

 *

 

 

 

 

 

 

INTERET GENERAL ET SOUVERAINETE EN EUROPE



Laurent PINSOLLE

Chef d’entreprise

 

Nous assistons aujourd’hui à un double mouvement depuis un peu plus de 20 ans en Europe : d’une part, un détricotage des souverainetés nationales au profit de Bruxelles, de l’autre, une montée générale des inégalités. Peut-on y voir un lien de cause à effet ?

 

Peut-on parler d’un intérêt général européen ?

 

Des inégalités croissantes et partagées.

 

Même si je ne crois absolument pas à l’existence d’un peuple européen, cette question est intéressante. En effet, si les faiblesses de la construction monétaire qu’est l’euro montrent que les pays n’ont pas convergé sur de nombreux points, on constate que sur certaines dimensions, il y a une évolution parallèle. Dans la quasi totalité des pays européens, il y a une augmentation des inégalités. L’intégralité ou presque de la création de nouvelles richesses va à une petite minorité.

En France, une étude de Camille Landais montre ainsi que depuis une dizaine d’années, les revenus réels de 90% de la population ont progressé de 4%, tandis que ceux du 1% les plus riches ont progressé de 19% et ceux des 0.1% de 32%. En Allemagne ou en Grande-Bretagne, les chiffres sont encore plus frappants puisque les bas revenus ont perdu du pouvoir d’achat.

L’horizon semble être les Etats-Unis, où le salaire minimum a baissé de 30% depuis les années 70 selon Paul Krugman, et où 0.1% de la population touche 8% de l’ensemble des revenus. Pire, l’éditorialiste du New York Times et prix Nobel d’économie 2008 démontre également la profonde injustice du système éducatif où les bons élèves pauvres n’ont pas plus de chances d’aller à l’université que les mauvais élèves riches, du fait du coût exorbitant des études secondaires.

Comme souvent, le Général de Gaulle avait vu juste quand il disait en 1965 que « le laissez faire, le laissez passer, appliqué à l’économie a souvent donné au développement une profonde impulsion, mais on ne saurait méconnaître qu’il en est résulté beaucoup de rudes secousses et une somme énorme d’injustices ». Le système économique actuel, basé sur une déréglementation généralisée est injuste car le développement économique n’a de sens que s’il est partagé par tous.

 

 

Le sentiment d’un intérêt général européen

 

En fait, beaucoup de nos compatriotes pensent aujourd’hui que les vieux Etats nations européens sont trop petits pour défendre leurs intérêts face aux géants étasuniens, chinois, ou indiens. Ainsi, ils croient à une forme d’intérêt général européen, où l’Europe serait le levier pour mieux défendre les intérêts des pays du vieux continent dans le cadre d’un monde globalisé dominé par des géants.

C’était bien entendu le cas de la plupart des partisans du « oui » lors du référendum sur le TCE. Mais je crois que c’est également le cas d’une partie importante de ses opposants, qui voulaient plus une autre Europe que pas d’Europe. D’ailleurs, ce n’est pas faux quand on examine la réussite qu’a été la PAC dans un premier temps, ou Airbus. Demain également, c’est par l’Europe qu’une partie de la réforme de la finance pourra être poussée, les Etats européens ne pouvant pas tout faire.

Certes, nous pouvons y opposer le cas d’Etats indépendants, qui parviennent à maintenir leur modèle malgré la mondialisation. Au-delà de la Suisse ou de la Norvège, trop atypiques pour représenter des exemples, le Danemark, la Suède ou la Grande-Bretagne qui n’ont pas  l’euro, montrent que l’échelle européenne n’est pas la solution indépassable. Malgré tout, la crise fait que cet argument risque de ne pas peser lourd face aux inquiétudes provoquées par l’émergence de la Chine…

 

Les travers du modèle supranational

 

Nous devons donc sans doute déplacer le débat sur la meilleure manière de défendre l’intérêt général des peuples européens. Depuis toujours, deux conceptions s’opposent. La première, centralisée et supranationale, depuis Bruxelles, est celle qui s’est imposée depuis un quart de siècle et l’Acte Unique Européen. La deuxième, décentralisée et reposant sur une coopération volontaire de nations souveraines, le modèle de la CEE tempéré par le compromis de Luxembourg

La question que nous devons alors nous poser est « est-ce que le modèle actuel de construction européenne défend bien l’intérêt général des peuples qui la composent ? » et « est-ce que ce modèle n’a pas tendance à ne défendre que les intérêts des puissants, au mépris de tous les autres, y compris contre l’avis démocratique de la majorité ? ».

 

Le modèle européen, au service des puissants

 

L’histoire récente nous enseigne très clairement que le modèle fédéral ne semble défendre que les intérêts des puissants. Il y a quelques mois, le gouvernement français était intervenu pour demander à Renault (dont l’Etat est actionnaire) de ne pas davantage délocaliser la production de la Clio en Turquie. Cette demande vient bien tardivement, quand on sait que les constructeurs français ont délocalisé 50% de leur production en seulement quatre ans.

Cependant, elle montre bien la logique dogmatiquement néolibérale de la Commissionpour laquelle les Etats, fussent-ils actionnaires, ne sauraient mettre la moindre contrainte aux décisions des entreprises, même quand ces décisions impliquent la destruction de milliers d’emplois. Bref, si Bruxelles défend bien efficacement les intérêts de Renault et de ses actionnaires (et encore pas tous), on ne peut pas en dire autant des intérêts des salariés de l’ancienne Régie.

Autre exemple frappant. Les peuples et les gouvernements européens sont aujourd’hui extrêmement réservés à l’égard de la culture des OGM. Pourtant, inlassablement, la Commission Européenne cherche à imposer la culture de nouvelles variétés, utilisant même les dispositions des traités jusqu’à l’absurde puisqu’il  a fallu une majorité qualifiée d’Etats pour empêcher Bruxelles d’imposer la commercialisation de certains OGM. Là encore, l’Europe défend bien les intérêts de Monsanto…

Dernier exemple : l’Europe a imposé la libéralisation des renseignements téléphoniques. Il y a une dizaine d’années, pour 3,65 francs, on pouvait obtenir trois numéros en appelant le 12. Aujourd’hui, obtenir un numéro revient volontiers à 1,5 euros, soit une multiplication par près de 10 du coût du renseignement, le tout en devant se remémorer des numéros plus compliqués. Bonjour les bienfaits de la libéralisation ! Là encore, c’est l’intérêt des entreprises qui a été défendu, et pas celui des peuples.

 

 

Le cas du FMI

 

En fait, c’est sans doute le cas de toutes les organisations supranationales. Dans « La Grande désillusion », Joseph Stiglitz raconte un voyage qu’il avait fait au Maroc en 1998, alors qu’il travaillait à la Banque Mondiale. Une ONG avait développé l’élevage de volailles par les villageoises. Elle s’était appuyée sur une entreprise d’Etat qui distribuait les jeunes poussins. De retour au Maroc quelques mois plus tard, il constata l’échec de cette initiative. Le FMI était intervenu et avait décrété qu’il n’était pas du ressort de l’Etat de commercialiser de jeunes poussins. Malheureusement, le secteur privé n’avait pas pris le relais. Le livre du prix Nobel d’économie regorge d’exemples plus aberrants les uns que les autres.

 

Les travers du modèle supranational

 

En fait, les instances supranationales souffrent de deux travers majeurs : un dogmatisme néolibéral généralisé et un refus profond de toute remise en cause démocratique. C’est ainsi que nous en sommes arrivés à la monstruosité institutionnelle que représentait l’inscription de « la concurrence libre et non faussée » comme un objectif de l’Union Européenne dans le TCE. Au mieux, cette concurrence peut être un moyen, pour un libéral, d’obtenir un développement économique.

Mais les libéraux vraiment démocrates auraient du s’opposer à la promotion de « la concurrence libre et non faussée » comme un objectif puisqu’il revient au peuple de choisir la direction politique du gouvernement, cette direction pouvant avoir une vision complètement différente de la concurrence. En fait, on constate une habitude très malsaine de ces institutions qui consiste à figer les politiques dans une direction et les mettre « à l’abri » des choix démocratiques, dans les traités.

Alors que le projet européen devrait organiser la répartition des pouvoirs et des coopérations (le contenant), il se soucie de plus en plus de la définition des politiques (le contenu), qui devrait pourtant être à la discrétion des dirigeants du moment, et non pas gravées dans le marbre éternel des traités et défendues par des chevaliers servants (les commissaires), quelles que soient les orientations politiques des gouvernements en place dans les pays européens.

Comme le dit bien Frédéric Lordon, « en appeler au gouvernement mondial est le plus sûr moyen d’avoir la paix – entendre – pas de gouvernement du tout », « la mondialisation a précisément eu pour effet de redéployer les marchés à l’échelle mondiale, c’est-à-dire dans un environnement de faible densité institutionnelle ». Les constructions supranationales organisent l’absence de prise des gouvernements sur les politiques au mépris de la volonté des peuples .

 

 

Pourquoi les institutions supranationales ne défendent pas l’intérêt général 

 

C’est une question qu’il est important de poser car un certain nombre de gens souscrivent à la théorie du complot mondialiste où une petite élite chercherait à éliminer les démocraties au profit d’une gouvernance mondiale dont ils tireraient les ficelles et les profits. Je n’y crois pas du tout. Je crois qu’il y a d’autres explications plus rationnelles et qui correspondent davantage à la réalité.

 



La bulle sociale

 

La première est le fait que les élites vivent de plus en plus dans une bulle sociale. En effet, il y a vingt ou trente ans, les écarts de salaires, et donc de niveau de vie, étaient bien moindres. A titre d’exemple, Raymond Lévy, patron de Renault, gagnait un million de francs par an, cent cinquante mille euros, « à peine » plus de 15 fois le SMIC de l’époque. Son lointain descendant, Carlos Ghosn, a gagné 8 millions d’euros l’an dernier, plus de cinquante fois plus…

Et cette « modération » n’était pas cantonnée aux entreprises publiques. Le PDG de PSA, Jacques Calvet, avait causé un certain émoi quand le Canard Enchaîné avait révélé qu’il gagnait un peu plus de 2 millions de francs par an, trois cent mille euros, un peu plus de trente fois le SMIC, ce qui était à l’époque proche du  maximum que pouvait gagner un grand patron. Aujourd’hui, les rémunérations sont en millions d’euros et les cadres supérieurs décrochent couramment des rémunérations à six chiffres.

Ces élites, travaillent souvent beaucoup. La politique n’est pas forcément leur première préoccupation et elles adoptent donc fréquemment le prêt-à-penser intellectuel de leur classe, par facilité. En outre, elles ont une vision déformée de la réalité dans le sens où à leur niveau, il y a de la croissance, les salaires augmentent et elles ne voient que les bénéfices de la mondialisation, ce qui peut leur faire croire que le système actuel profite aux citoyens.

Car l’envolée des très hautes rémunérations donne l’impression aux hauts revenus qu’ils font partie des classes moyennes supérieures, comme l’a dit Hervé Mariton, pour qui ses revenus de cent mille euros (hors frais) le plaçaient au niveau d’un cadre moyen… Cette phrase, sans doute honnête, révèle la coupure de certaines élites avec la réalité. Car en croyant être proche de la moyenne, ces gens pensent que la moyenne des gens va bien, ce qui est faux.

 

Le manque d’attaches nationales

 

En outre, il n’y a pas de réalité nationale européenne, pas d’intérêt général européen. Les crises actuelles montrent bien que les réalités nationales sont trop différentes pour faire émerger un intérêt commun. En revanche, il y a une forme de convergence pour cette petite élite des affaires, qui voyage, travaille en anglais dans quasiment tous les pays, voit ses salaires et son pouvoir d’achat progresser. Les élites mondialisées n’ont qu’une vision positive de la mondialisation.

Et leur éloignement des réalités nationales peut leur faire prendre leurs intérêts d’élites mondialisées et en partie dénationalisées, pour l’intérêt général. En effet, comme beaucoup se pensent plus proches de la moyenne qu’ils ne sont, ils confondent sans la moindre malice leurs intérêts avec l’intérêt général. La plupart de ceux qui gagnent plus de cent mille euros par an pensent ne pas être si décalés que ça de la moyenne, alors que seulement 1% de la population touche de tels revenus.

Cette coupure de la réalité, également valable pour certains politiques qui ne vont pas sur le terrain ou n’ont pas d’attaches locales fortes, leur fait croire que le système tourne au profit de la majorité. Joseph Stiglitz ne dit pas autre chose quand il soutient dans « La grande désillusion », que même le FMI pense sincèrement imposer les politiques dont les pays ont besoin. Il explique que la vie des technocrates du Fond explique qu’ils soient coupés de la réalité.

Il n’y a sans doute pas de complot, simplement un phénomène de bulle sociale qui pousse les élites à adopter des solutions qu’elles croient sincèrement bonnes pour l’intérêt général, d’autant plus qu’une certaine paresse et conformité intellectuelle ne les encourage pas à réfléchir différemment.

 

La solution : le retour aux nations

 

Le problème est qu’aujourd’hui, une partie importante de la population est convaincue que les solutions ne peuvent être que globales alors que c’est justement la globalisation qui est la source des problèmes que nous traversons (crises, dettes, inégalités). Comment agir ?

 

L’Europe contre les Etats

 

Il est essentiel de mettre la question de la souveraineté et de l’intérêt général dans le débat public. En effet, il s’agit sans doute du meilleur moyen de convaincre les citoyens qu’il faut dé-globaliser, relocaliser pour remettre l’économie dans la bonne direction. La mondialisation est un problème en elle-même parce qu’elle organise de facto l’absence de prise des démocraties sur l’organisation économique. Pour reprendre leurs destins en main, les peuples européens doivent revenir sur la globalisation.

En effet, les dirigeants politiques d’un pays sont forcément contraints de gouverner en fonction de l’intérêt général de leur population et il y a les institutions qui assurent la prise en compte de l’avis de la majorité de la population, à travers les élections, mais également les manifestations qui peuvent parfois faire plier un gouvernement. En revanche, rien de tel dans cette Europe où il n’y a aucune alternance démocratique (la majorité est la même au Parlement depuis 1979…).

L’Europe est un ensemble beaucoup trop vaste et divers pour permettre une véritable vie démocratique. Comment imaginer une seconde un débat à l’échelle du continent sachant que nous ne partageons même pas la même langue ? Du coup, hors sol, les élites européennes vivent coupées de la réalité, sans réel contrôle démocratique, ce qui leur permet de céder à des dogmes eux aussi coupés de toute réalité, tout en pensant honnêtement défendre l’intérêt général.

 

Les nations, seul cadre possible de l’intérêt général

 

L’intérêt général n’existe véritablement qu’à l’échelle nationale, qui réunit une communauté de destin qui a l’habitude d’accepter la règle démocratique du choix de la majorité. Les systèmes de solidarité existant à l’échelle nationale soudent également l’ensemble de la communauté nationale. Chaque personne sait que quand elle en aura besoin (chômage, maladie, retraite), elle pourra alors profiter de cette solidarité nationale, après y avoir contribué.

Le problème est que nos dirigeants ont accepté depuis 25 ans un véritable dépeçage des pouvoirs des Etats nations au profit de Bruxelles et Francfort. Du coup, les Etats européens ne sont plus véritablement maîtres de leur destin, devant accepter l’agenda néolibéral de la Commission qui souhaite dogmatiquement tout libéraliser, y compris les services publics, même si cela a pour conséquence une hausse des prix qui pénalise les plus faibles (cf EDF et GDF).

Le retour à un cadre plus national peut avoir d’autres conséquences positives. Henry Ford se souciait du salaire de ses salariés, souhaitant qu’ils puissent acheter les voitures qu’ils produisaient : des salaires dérivaient la consommation et donc les ventes. Dans le cadre d’un marché mondialisé, les salaires ne sont plus qu’un coût, qu’il faut réduire. A l’abri de frontières nationales, la logique des entreprises, elle, même pourrait également se modifier.

La seule solution est donc que les Etats reprennent leur destin en main et puissent à nouveau choisir comment ils souhaitent organiser leur marché, leurs services publics et s’ils souhaitent la commercialisation ou non des OGM. L’Europe doit revenir à un lieu de coopération  volontaire  et non contraignantes, à la carte et à géométrie variable. Cette reprise en main des nations redonnera le pouvoir à nos dirigeants de mener des politiques conformes à l’intérêt général national.

Cette reprise en main des gouvernements nationaux ne pourra naturellement pas se faire s’il n’y a aucune frontière législative, réglementaire, douanière ou financière. La souveraineté nationale passera donc forcément par le rétablissement de frontières moins ouvertes.

 

 *

 

 

 

 

 

LA FRANCE LIBRE

 

 

Jean-Luc Pujo

Président de « Penser la France »

 

 

Quelle magnifique réunion que cette réunion patriotique doublement symbolique !

Symbolique ce lieu, « La Sorbonne », où il y a encore quelques décennies à peine, convergeaient les élites européennes venues goûter  ici  le nectar du savoir de l’humanité ;

Symbolique cette date, le « 18 juin », où un général quasi-inconnu, seul contre l’évidence, plein de panache, chevaleresque, posa cet acte supérieur de résistance - en un mot – un acte éminemment français !

Merci à Roland Hureaux  et à Michel Robatel pour cette heureuse initiative !

 

***

 

Après toutes ces interventions brillantes, nous comprenons ce soir que nous vivons aujourd’hui en France comme en Europe, une immense crise politique, une immense crise démocratique.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Nous avons quitté la « société politique » pour un autre type de société - un espace non politique, non historique - … « la société de Marché ».

Aux impératifs de la « société politique » - la mesure, l’Homme, la démocratie -  nous avons substitué de nouveaux impératifs : la vitesse, la technologie, le Profit !

 

***

 

Mais ce basculement subtil nous plonge dans un grand désarroi, parce que nous sommes des Hommes et que nous sentons bien que cette société là s’accompagne de choix qui nous ont échappé, qui nous sont imposés,  relevant de l’éducation, de la santé, de l’alimentation …

Nous sommes petit à petit privés de notre libre arbitre, de cette capacité de construire notre propre destin : nous ne sommes plus des Hommes libres.

 

D’ailleurs, dans cette société là, qui décide ? Au nom de quoi ? Au profit de qui ?

Nous le savons, ce n’est plus le peuple qui décide.

Et quand celui-ci dit « NON », un processus subtil de contournement se met en place pour – de toute façon – imposer ce que dicte l’intérêt du marché !

OUI ! Cette société là apparaît pour ce qu’elle est : une grande supercherie !

Elle a pris les formes du progrès politique et social. Elle s’est parée des vertus démocratiques alors qu’elle ne visait rien moins qu’à assujettir nos peuples et nos Nations.

Et cet abandon magistral, a pris la forme d’une immense construction  - masque funèbre de notre infortune - : l’EUROPE !

 

***

Après tant de guerres, de sangs et d

e larmes versées, nos vieilles sociétés européennes, ont pu croire venu - dans un instant de faiblesse - leur possible salut dans le confort d’un incroyable abandon !

Pourtant, nous le savons, la faiblesse n’a jamais fait le lit des bonheures humaines.  Elle n’a jamais fait celui des Nations !

 

***

 

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde » s’interrogeait déjà Tocqueville.

Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux retirés à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres (…)

 Au dessus de ceux-là, s’élève un pouvoir immense et tutélaire (…) il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie; (…)

 Il est absolu, prévoyant, régulier et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ! »[12]

 

Etonnante préscience que celle de Tocqueville ! Voilà bien notre Europe !

 

Et cet abandon a pris toutes les formes possibles :

 

Militaire !

 

Imagine-t-on un territoire en paix sous occupation militaire étrangère ?

L’Europe avec ces 400 cent places fortes – d’une armée étrangère sous commandement d’un général étranger - armées jusqu’aux dents, dont deux cents places en Allemagne, 137 en Italie ?

Quel est cet asservissement que nous tolérons ? Comment ne pas comprendre qu’il n’y a pas de souveraineté sans maîtrise de sa propre sécurité ?

Que « la servitude ne s’appelle jamais un destin mais toujours un joug » ? [13]

Qui ne le comprend ici ?

Alors qu’au Japon,  un premier ministre a été contraint de démissionner en raison de l’indignation populaire qu’il avait provoquée pour avoir renoncé à demander le départ des troupes américaines d’Okinawa !

Mais que sont devenues les Nations Européennes ?

Comment avons-nous pu tolérer cela ?

Ce serait à rire si ce n’était à pleurer !

 

***

 

Je ne résiste ici au devoir de vous citer notre chef d’Etat major des Armées.

Interrogé par le Figaro : « Monsieur le général, à quoi devons-nous nous préparer aujourd’hui » ?

Et le pauvre général Jean-Louis Georgelin : « à tout ! »

Et cette démission lui vaut cette réponse magistrale, imparable parce que pleine de bon sens – cette vertu au cœur du génie français – celle de l’Ambassadeur de France Robin :

Mais «se préparer à tout … signifie n’être prêt à rien » 

L’évidence !

Alors permettez-moi ici une confidence …

Il y a quelques jours étaient réunies autour de Jean-Pierre Chevènement – auteur d’un remarquable rapport sur la prolifération  nucléaire et le traité TNP – quelques unes de plus hautes personnalités chargées de la défense à l’Elysée, au Ministère du même nom …et heureusement un parterre de vieux diplomates français – on ne dira jamais assez ce que fut le génie de notre Quai d’Orsay –

 

« Quels sont aujourd’hui les ennemis de la France ? »

Et cette réponse tombée des nues … à moins qu’elle ne fût câblée de Washington … les ennemis de la France sont identifiés – bonne nouvelle – il s’agit de l’IRAN ; il s’agit de la Chine !

Et cette remarque d’un vieux diplomate français – toujours le Quai –

«  Mais comment déterminer, de la France, les ennemis quand nous n’avons plus de diplomatie ? »

Oui, la France est passée sous administration de l’Empire !

Ils ont réussi en 2007 – par la droite – à nous imposer un Homme-Lige, après avoir échoué en 2002 par la Gauche. Nous savons qui est Lionel Jospin !

 

***

 

Abandon Economique et financier, ensuite :

 

Nous avons renoncé à notre souveraineté économique et financière pour adopter le bouclier de l’Euro - un « bouclier percé » - qui ne nous protège en rien du vice du système.

Nous commençons enfin à comprendre que nous n’en finirons pas de rembourser aux marchés les profits non satisfaisants qu’ils auront enregistré, que nous payons la solde d’une armée d’Empire en campagne, d’une armée d’occupation et de son immense armada flottant sur toutes les mers du globe !

Un comble !

 

***

 

Abandon Culturel, bien sûr :

 

Tout a été fait pour renier notre propre culture, notre propre langue, le français, c'est-à-dire notre intime !

Car la Langue, notre langue, c’est bien notre Patrie !

 

***

 

Il nous faut le dire : Cet immense renoncement n’a été possible que par la corruption !

Les « agents de conformités » – politiques, syndicalistes, journalistes, écrivains, cinéastes, chanteurs … ont été payés pour relayer cette domination.

Institutions comme élites. La corruption est partout .

Alors – certes - nous pourrions, comme Cicéron dans « ses lettres à Atticus », nous amuser devant ce spectacle pitoyable s’il ne révélait une triste réalité : nous avons – bel et bien - perdu notre liberté !

Faut-il vraiment « inscrire – notre Europe - dans la continuation de la chute de Rome ? »

Mais comment avons-nous pu accepter « ce coup d’arrêt brutal à ce processus d’émancipation qui dans les deux derniers siècles a arraché le suffrage universel égal, (…) a contesté le monopole des organismes représentatifs de la richesse, a lié droits politiques et droits sociaux et économiques ? S’interroge le philosophe italien Losurdo[14].

Alors, bien sûr, la démocratie a toujours été contestée !

« Le pouvoir du peuple » ?  Quel régime scandaleux !

Et parce que « L’idée démocratique est une idée subversive », il y a toujours eu une « haine de la démocratie »[15] nous rappelle le philosophe Rancières.

Ne faut-il d’ailleurs pas que les populations « s’accommodent de l’ignorance et de l’incertitude » pour reprendre les termes de l’accord confidentiel de 1958 entre l’OMS et l’AIEA ?

Faut-il vraiment accepter cette démocratie « qui fait pression sur les gouvernements, entraine le déclin de l’autorité, rend les individus et les groupes rétifs à la discipline et aux sacrifices requis par l’intérêt commun »[16] s’interrogent Crozier, Huntington et Watanaki dans un des fameux rapports rédigés pour la Trilatérale dans les années 70 ?

 

La Démocratie ? Voilà l’ennemi du Marché !

 

Il leur faut donc tout occulter, dissimuler, dans un immense théâtre du « faire croire », du « faire valoir » !

Ce système est donc un système de Fascisme soft.

Une espèce de « FUNKY FASCISUM ! »

Il prend le masque de la modernité, celui de la jeunesse, il apparaît « branché » … Mais c’est bien du fascisme.

Mais jusqu’où allons-nous tolérer cet intolérable ?

 

***

 

Eux, ils veulent privatiser tout : la terre, l’eau, l’air, le feu !

 

Ils veulent même tout privatiser de l’HUMAIN.

Il nous faut résister !

C’est à nous que revient le rôle,  chers amis, de réaffirmer l’importance de l’Homme.

Il nous faut dire que l’HOMME n’est pas un centre de profit, que l’on vise comme une cible, avec son taux de pénétration et que l’on perce à coups de sondages.

Non ! L’Homme ne se réduit pas à un Chiffre !

Ce fascisme là veut nous priver des mots, du sens et de la poésie alors que toute l’humanité n’aspire qu’à redevenir ce rêveur, ce promeneur émerveillé sous le ciel étoilé du Monde.

« Si nous ne revendiquons pas notre HUMANITE - je vous le dis - nous deviendrons tous des statistiques ! »[17]

Alors disons-le haut et fort ! Ce qu’il y a de plus beau chez l’Homme n’est pas productif ! Ce qui est exaltant dans l’Humanité, n’a pas de prix !

La vocation de l’Homme n’est pas d’être rentable !

La vocation première de l’Humanité c’est la quête du bonheur, c’est vivre la fraternité !

La pleine Fraternité !

 

***

 

Chers amis, nous vivons aujourd’hui – ce printemps 2010 - un moment historique.

Tout d’abord, Nous avons vu se lever en Grèce, en Espagne, au Portugal un immense élan social qui révèle la prise de conscience des peuples sur l’impéritie de cette Europe là.

Ni cette Europe, ni cette monnaie commune ne sont  à la hauteur de la sécurité économique promise. Toute la construction européenne apparaît enfin pour ce qu’elle est : mensonges et supercherie !

 

***

 

Deuxièmement, - et c’est là le signe qui confirme la grande révolution qui vient en Europe - Nous avons assisté à l’éveil d’un sentiment éthique, c'est-à-dire à l’affirmation d’un sentiment éminemment politique !

 

A la suite de l’intervention militaire israélienne sur les bateaux humanitaires en partance pour Gaza, toutes les rues européennes ont bousculé les chancelleries du continent.

Ce serait une erreur de ne voir là que manifestation d’une fraternité religieuse ou ethnique pro palestinienne.

Les peuples d’Europe ont crié – simplement mais c’est essentiel - leur rage éthique !

Ils ont dit vouloir encore respirer l’air enivrant des sommets : la Justice, l’égalité !

En ce sens, la question de Gaza est - bel et bien -  une immense « brèche Socratique » pour reprendre la magnifique expression du Philosophe Manuel de Diéguez.

Quelle grande nouvelle philosophique et politique !

 

***

 

Oui ! Tout se tient !

C’est la même logique d’Empire qui nous impose ici des sacrifices économiques et financiers, qui nous impose de sacrifier nos propres enfants, nos ouvriers, nos paysans … pour financer des guerres improbables et des armées honteuses, décérébrées en Irak ou en Afghanistan …

Oui, c’est la même domination impériale qui nous impose ici le laquais  Bernard Kouchner   au Quai d’Orsay et qui maintient là Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité Nationale Palestinienne.

Imaginez-vous la France du Général De Gaulle tolérer l’intolérable ?

Ne dire un mot de Gaza, l’insupportable ?

Lui qui prononça le discours du « Québec libre »  ou celui de Phnom-Penh en pleine guerre du Vietnam ?

Oui, tout se tient !

Alors, il nous faut le dire – tous ensemble -  « Il suffit ! »

 

***

 

Rétablir la démocratie en Europe, cela veut dire d’abord et avant tout recouvrer notre souveraineté en Europe.

Et parce que la souveraineté est l’apanage des Nations libres !

Nous devons d’abord libérer les Nations !

Et nous le savons, la France est la condition sine qua non de la libération de l’Europe !

 

Notre programme est donc clair !

 

Article 1 : rendre sa pleine souveraineté à la France !

 

Article 2 : redonner la parole au peuple !

 

***

 

En ce jour, où certains croient célébrer la France – en cet instant-  à Londres, nous savons Nous, que la France Libre est ici !

Et je veux ici dans cette Sorbonne - qui vibre comme l’Albert Hall de Londres vibrait en 1942 aux accents Gaulliens, aux accents de la France Libre - je veux ici saisir cette circonstance pour lancer un APPEL !

Un APPEL à tous les patriotes !

De gauche, de droite, communistes, gaullistes, anciens résistants, souverainistes  … Tous réunis en comité, en réseau, tous ceux qui ont à cœur le « souci de la France » !

Tenons-nous prêts !

 

***

 

Et parce que le redressement de la France ne peut se faire sans l’immense énergie de la jeunesse, je veux – ici - lancer un Appel à la Jeunesse !

Jeunesse des campagnes, jeunesse des villes et jeunesse des banlieues : sans distinction aucune !

La France a besoin de vous ! Elle a besoin de votre enthousiasme, de votre élan, de votre générosité !

Chaque fois que vous vous battez pour la justice, pour l’égalité, pour la fraternité, pour la liberté … Oui ! Vous vous battez pour la France !

Chaque fois que vous refusez les facilités du mensonge pour celui de l’effort, que vous refusez le « gagné-facile » pour celui du travail et de l’énergie … alors OUI ! Jeunesse de France, par ce plébiscite de tous les jours … Vous choisissez – tout simplement –  le parti de la France !

Et quelle est belle cette France là !

 

 

Alors ! Tous ensembles ! Tenons-nous prêts !

 

Article 1 : Rendre sa pleine souveraineté à la France !

 

Article 2 : Redonner la parole au peuple !

 

 

Quoiqu’il en coûte : Ni compromission ! Ni transaction !

 « Que serait devenue la patrie si Jeanne d’Arc, Danton, Clemenceau avaient voulu transiger ? »[18] s’interrogeait De Gaulle

 

 

 

***

 

Et ce n’est pas sans gravité que je vous livre mon sentiment dernier.

Rien ne nous sera épargné ! Mais nous même, nous n’épargnerons rien ni personne !

Souvenons-nous d’un des plus grands esprits du XXème siècle - le mahatma Gandhi - :

« Je crois que, là où il n’y a le choix qu’entre la lâcheté et lavViolence, je conseillerai la violence (…) je préférerais que l’Inde recourût aux armes pour défendre son honneur plutôt que sa lâcheté en fît le témoin impuissant de son propre déshonneur ! »

Oui, il est des heures dans l’histoire des Nations, où les peuples doivent d’abord apprendre à dire « Honneur et patrie » pour ensuite pouvoir dire « Liberté, Egalité, Fraternité » !

Et bien, voyez-vous … Je crois que cette heure est venue pour la France !

Alors …  - Où que nous soyons ! - Pour la France … Tenons-nous prêt !

Merci !

 *

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

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Le projet de traité pour une Communauté européenne des Etats nations, s'il a été élaboré par des Citoyens Français, est appelé à être saisi par tous aujourd'hui, en France et en Europe.

 

En ce sens, il devient une propriété collective.


Les auteurs de ce projet ne revendiquent rien d'autre que de contribuer, à leur modeste niveau, à élaborer un avenir différent de celui qui nous est proposé par les européistes, tenants de la supra nationalité.


Il est simplement demandé que référence soit faite aux auteurs dans les travaux et citations de ceux qui auront la volonté politique de promouvoir ce projet.


Les auteurs.

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Colloque franco-allemand - octobre 2011

Madame,

Mademoiselle,

Monsieur,

Citoyens des Etats-Nations,

 

Le 7 octobre 2011, s'est déroulé à Lyon le colloque sur le thème

France-Allemagne
Visions comparées
de l’organisation monétaire

de l’Europe.

 

Nous avons le plaisir de vous offrir ici les actes sous format video, en langue française et en langue allemande.

(Attention: il y a bien 11 videos sur le site)

 

 

 

 

 

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Deutsche Version.

 

Le 10 janvier 2012, vous aurez la possibilité de commander l'ouvrage qui s'y réfère chez tous votre libraire, sur les sites spécialisés dans la VPC livres ou sur www.plumedepoids.com.

Colloque franco - allemand - les vidéos

 

 

Bilan de l'euro - Aspects politiques et économiques de la crise de l'euro
Bilan de l'euro - La crise de l'euro vue de France



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